Dernière mise à jour : 2 avr.
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Ce texte ne pretend pas couvrir l'ensemble des questions qui sont aujourd'hui posé à l'ingénierie pédagogique. Il est le fruit d'un travail de synthèse sur le sujet de l'évolution de l'ingénierie pédagogique dans un environnement de Formation Ouverte et/ou À Distance et inclus une reflexion sur les MOOCs. C'est la quatrième et dernière partie d'un travail fait en collaboration avec trois auteurs qui font leur premiers pas dans ce monde passionnant et primordiale que sont les sciences de l'éducation L’ingénierie pédagogique pour les MOOC
1.1.1 Introduction
La typologie des MOOC permettrait de donner un cadre d’action à l’ingénierie pédagogique, cependant même si la typologie peut être un plus elle ne résout pas à elle seule les questions d’efficacité des MOOC. « Tout le monde s’accorde là-dessus, le succès d’un MOOC, idéalement, devrait être mesuré à l’aune de ce qui a été appris, compris et intériorisé. » (MOOC : conditions de réussite. Distances et Médiations des Savoirs, CNED, 2014)
1.1.2 L’ingénierie pédagogique dans un contexte libre et flexible
Dans cette partie, nous verrons comment les MOOC changent le contexte d’apprentissages et impliquent de repenser l’ingénierie pédagogique à la vue du contexte de surabondance informationnel et de maîtrise de l’environnement d’apprentissage qui tend à être aujourd’hui principalement dans les mains de l’apprenant et de moins en moins dans celle des institutions. Ainsi, des compétences semblent également nécessaires à acquérir par l’apprenant se lançant dans l’achèvement d’un MOOC et l’on peut se poser la question d’une ingénierie portée sur l’acquisition de ces compétences nécessaires pour augmenter les chances de réussite d’un MOOC.
1.1.3 L’ingénierie pédagogique
Il existe plusieurs définitions de l’ingénierie pédagogique dans certains cas synonymes de design pédagogique et dans d’autres incluant le design pédagogique. Plusieurs visions de l’ingénierie pédagogique s’entremêlent également. Vision systémique (Schiffman, 1995)[1] ou à échelle sociale (Leclercq 2003)[2] et visions de l’ingénierie pédagogique, visions médiatiques, sociales ou systémiques suivant les auteurs. J.Basque (2017)[3] synthétise l’ensemble pour nous proposer l’ingénierie comme « pour désigner l’ensemble de la démarche de conception et de développement d’un système d’apprentissage ».
1.1.4 Les modèles pédagogiques
L’ingénierie pédagogique s’appuie sur un ensemble de modèles et méthodes qui répondent à des stratégies d’apprentissages elles-mêmes construites à partir des théories d’apprentissage. Les modèles les plus communément utilisés sont les modèles ADDIE et SAM. Ces modèles décrivent comment organiser la scénarisation pédagogique. (annexe 3)
1.1.5 La question de l’évolution de l’ingénierie pédagogique
La question de l’ingénierie pédagogique et son évolution est pour Peraya et Peltier (2019) récurrente, ils précisent également que dans le cadre de la FAD et d’un environnement TICE (qui sont parmi les caractéristiques d’un MOOC), cette évolution est essentielle. Ainsi nous dit-il que « La relation entre la FAD, l’ingénierie Pédagogique, les technologies et les modèles pédagogiques n’est donc pas une problématique nouvelle »[4] Les MOOC au cœur d’un contexte de surabondance informationnelle exigent de développer des compétences particulières. F. Henri (2019)[5] nous invite à prendre conscience que l’ingénierie pédagogique doit évoluer vers de nouveaux modèles répondant à deux questions fondamentales dans le contexte technologique des FAD aujourd’hui. La première est de se mouvoir dans un contexte de surabondance informationnelle, ainsi « L’apprenant doit pouvoir distinguer les informations utiles, pertinentes ou essentielles de celles qui sont gratuites, trompeuses, erronées ou sans fondement. Il doit pouvoir mobiliser des compétences informationnelles et des savoir-faire nouveaux pour interpréter et produire des contenus dans un écosystème informationnel propre à l’ère du numérique. »[6]. La deuxième compétence est un fort degré d’autonomie, France Henri convoque les travaux de M.Linard (2003) sur l’autonomie. En effet, cette dernière soutenait en 2002 déjà « que le développement de l’autonomie de l’apprenant devrait être la préoccupation première », « Que l’apprenant soit invité à évoluer dans des environnements humains et techniques favorables et bienveillants »[7]. Seulement l’autonomie n’est pas une chose aisée à acquérir, c’est selon M.Linard (2003) comme une méta-compétence : « Une capacité de haut niveau, cognitive, mais aussi psychologique et sociale, qui implique des qualités d'attention, d'autocontrôle, d'intelligence, de confiance en soi et de relation que peu d'individus possèdent ensemble à l'état naturel ». Elle en traite comme d’un concept réflexif circulaire, de soi sur soi, donc nécessairement complexe. Si l’autonomie s’avère complexe comme phénomène, son application comme mode d’apprentissage est problématique »[8]. Et toujours selon M.Linard nous dit France Henri, apprendre l’autonomie devient encore plus complexe dans le contexte d’un environnement soumis au TIC. Dans cet environnement technologique, M.Linard propose un modèle systémique ou deux logiques s’entrecroisent et fonctionnent de manière circulaire « Ainsi, la capacité d’utiliser les technologies de manière efficace devient une condition (un moyen) pour la réalisation d’apprentissages autonomes (fin). Par ailleurs, l’autonomie serait une condition (un moyen) pour un usage efficace des technologies (une fin) » (Annexe 4). Cette autonomie doit également être mise au service d’une autre compétence nécessaire dans un « contexte informationnel surabondant ». Cette compétence est désignée par F.Henri par la translittératie. « Thomas et ses collègues (2007) définissent la translittératie comme l'habileté à lire, écrire et interagir par le biais d'une variété de plateformes, d'outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l‘oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télévision, la radio, et le cinéma jusqu'aux réseaux (traduction libre)[9]… Pour Serres (2012), la translittératie est un métissage des littératies, une imbrication des cultures ; « c’est le chaudron du numérique qui brasse, mélange et remixe toutes sortes de pratiques et de cultures ». Elle est associée aux pratiques sociales, à la nature transversale des compétences induites par le numérique (compétences techniques, collaboratives, cognitives, sociales, organisationnelles…).(ibid). 1.1.6 Autonomie et translitteratie nécessaire à l’EPA efficace.
Une autre question se pose également, elle concerne une conséquence directe de la distance et de la rupture spatio-temporelle due à la FAD et de l’utilisation des TICE. Selon Peraya et Peltier (2020) l’ingénierie pédagogique comme elle est pensée aujourd’hui peut paraître être un frein dans le cadre de cours massif et ouvert, il nous dit que « L’ingénierie semble s’appliquer à des dispositifs de formation fermées organisées et contrôlables. »[10]. Cependant dans le cadre des MOOC les apprenants créent leur propre environnement d’apprentissage en utilisant leur propre outil de communication, issue de leur propre culture. Ces environnements échappent donc au contrôle des institutions. De plus, l’ouverture massive de l’information met en compétition les savoirs mis à disposition par la formation avec d’autres sources non maîtrisées. Leclercq (2003)[11] nous dit que l’ingénierie pédagogique conçoit et réalise des environnements d’apprentissage à partir des prescriptions (programmes, curriculum). On comprend dès lors le « paradoxe » exprimé par F.Henri entre un parcours encadré dans un environnement choisi, prescrit, et le cadre libre et ouvert des MOOC. 1.1.7 Repenser l’Ingénierie Pédagogique Ainsi F. Henri nous invite à repenser l’ingénierie pédagogique en s’appuyant sur de nouveaux paradigmes. Pour elle, c’est en axant l’action de l’ingénierie sur l’acquisition de l’autonomie et d’un usage efficace des technologies que doit œuvrer l’ingénieur pédagogique. Déjà, J.Basque en 2004[12] nous invitait à remettre en question les pratiques de l’ingénierie pédagogique suite à l’intégration des TIC. Les MOOC sont des objets d’apprentissage relativement récents et encore mal maîtrisés sur le plan pédagogique. Peraya et Peltier[13] soulignent qu’il est nécessaire d’observer si le passage de l’artisanal à la standardisation des MOOC s’est bien effectué et à quoi ressemble la « cuisine » de l’enseignant dans cette multiplicité des environnements.
Pour conclure
Les MOOC sont aujourd’hui des dispositifs encore mal compris. Certes, un ensemble conséquent de recherche sur le sujet existe, mais leur relatif jeune âge en fait des objets d’étude présentant peu de données, parfois mal maîtrisées. De plus, les schémas de l’ingénierie pédagogique actuelle sont remis en question par certains paradoxes et nous invitent à penser autrement, à se décrocher de nos anciens schémas pour en recréer d'autres. Les compétences visées par cette nouvelle ingénierie ne sont plus les mêmes, on comprend que c’est en rendant les apprenants maîtres de l’art de concevoir en quelque sorte leur propre scénario qu’au-delà des questions de motivation et d’engagement le taux de rétention des MOOC pourrait s’ouvrir. On peut imaginer les premières étapes d’un MOOC comme un guide d’organisation de la séquence d’apprentissage avec des préconisations, un pas vers la personnalisation de l’apprentissage, autogéré, auto-régulé, mais accompagné.
Sources :
[1] Daniel Peraya et Claire Peltier, « Ingénierie pédagogique : vingt fois sur le métier remettons notre ouvrage... », Distances et médiations des savoirs [En ligne], 29 | 2020 [2] ibid. [3] ibid. [4] ibid. [5] (France Henri, Quel Changement à l’ère du Numérique et quelle ingénierie pédagogique pour y répondre ? 2019). [6] (France, 2009) [7] M.Linard(2002) cité (France, 2009) [8] ibid [9] “Transliteracy is the ability to read, write and interact across a range of platforms, tools and media from signing and orality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital social networks. » (Thomas, 2007) [10] (Peraya Peltier, 2020) [11] (Leclercq, 2003) [12] (Basque, 2004) [13] (Peraya Peltier, 2020)
Mots, Clés : Ingénierie Pédagogique, FOAD, FAD, Pédagogie, MOOC
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